Climat de peur : l'impact du retour de Trump sur les communautés immigrées
- Fiona Lorenzano
- 20 mars
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 mars
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, le 20 janvier dernier, l’association à but non lucratif AID FOR LIFE constate une montée inédite de l’anxiété au sein des communautés immigrées. Une peur qui ne se limite pas aux personnes en situation irrégulière, mais qui touche également celles disposant d’un statut légal, selon le président de l’association.
Historiquement, les politiques migratoires ont toujours impliqué des expulsions, quel que soit le président en place. Sous Barack Obama, les expulsions ont doublé, ce qui lui a valu le surnom de "deporter-in-chief", explique l'association. Cette augmentation est la conséquence des mesures mises en place par son prédécesseur, George W. Bush, et de la volonté du démocrate de faire de l'expulsion des criminels une priorité.
« La différence aujourd’hui c’est qu’il y a une véritable persécution. Les migrants sont devenus les méchants, et la peur s'est généralisée », explique Jesus Aguais. Face à « cette vague de persécution et de diabolisation », ceux dont la procédure d’immigration est en cours, les détenteurs de la carte verte (les résidents permanents), ou même les citoyens naturalisés depuis dix ans, ressentent une certaine forme de peur. « C’est du jamais vu », alerte l’association.
Lors de son investiture, le 20 janvier dernier, Donald Trump a signé un décret remettant en cause le droit du sol. Ce texte vise à abolir le droit du sol pour les enfants nés de parents qui se trouvent illégalement dans le pays ou possédant des visas temporaires. « Supprimer la citoyenneté comme un droit de naissance, c’est inimaginable, n’est-ce pas ? C’est un droit inscrit dans la constitution et appliqué depuis plus de 150 ans», explique le président d’AID FOR LIFE.
Contesté en justice, le décret présidentiel a été suspendu sur tout le territoire américain par plusieurs tribunaux et cours d’appel fédéraux. L’administration Trump est actuellement en cours d’appel à la Cour suprême.

Un climat de chaos
Le président américain a mis fin au Statut de Protection Temporaire (TPS) pour les Vénézuéliens, une décision impactant plus de 600 000 personnes. « L’administration Trump prétend que le Venezuela est un pays où l’on peut retourner. Mais comment l’affirmer alors qu’il est dirigé par un dictateur ? C’est une déconnexion totale avec la réalité », dénonce Jesus Aguais.
Un nouvel ordre exécutif impose également aux immigrés sans papiers de s’enregistrer dans une base de données nationale. « Pourquoi veulent-ils que ces gens soient sur une liste ? Est-ce une liste pour les expulser ? », s’interroge AID FOR LIFE.
Selon les données gouvernementales, plus de 600 000 mineurs ont traversé la frontière américano-mexicaine sans parent ni tuteur légal depuis 2019. L’administration Trump a annoncé son intention de retrouver ses 600 000 mineurs non accompagnés. « Je ne vois pas comment ils peuvent faire ça, puisque le nombre réel c’est 448 000 mineurs », explique Jesus Aguais.

Un avenir incertain
Pour l'instant, ces mesures restent des décrets exécutifs et n’ont pas encore été transformées en lois. « Tous les décrets ont été contestés, ou le seront, devant les tribunaux. Donc, pour l’instant, il n’y a pas de loi, mais ce qui est bien réel, c’est le chaos et la peur », explique le président de l’association. « Pour l’instant, l'important c’est d’informer et d’attendre que les tribunaux se prononcent. C’est là où nous en sommes, nous restons vigilants », poursuit-il.
Bien que l’association AID FOR LIFE bénéficie de financements de la ville de New-York et ne dépend pas des fonds fédéraux, elle craint l’intervention de l’ICE (l’agence de l’immigration et des douanes) dans ses bureaux. « Nous nous sommes préparés à cette possibilité », assure Jesus Aguais. L’organisation prévoit d’organiser un événement de trois heures pour soutenir les migrants. « Si ICE vient, nous savons comment gérer la situation », conclut-il.
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